Après des semaines d'attente, des dizaines de rediffusions et des litres de larmes versés dans l'attente de ce jour béni, voici enfin la septième saison de Top Gear qui commence. Le programme de ce soir est bien évidemment de haute volée, avec notamment l'essai de l'Ascari KZ1 par Richard Hammond, la confrontation de la nouvelle Aston Martin V8 Vantage avec la Porsche 911 et la BMW M6 sur l'île de Man et les résultats d'une enquête lancée auprès des spectateurs par l'émission sur la fiabilité de leurs voitures.
L'émission commence par un montage de tous les reportages à venir dans la saison qui ne comptera malheureusement que 6 épisodes, suivi d'un tonitruant "Bienvenue à Greenpeace" lancé par le grand frisé qu'on nomme Jeremy Clarkson. Le ton est donné.
Une Lamborghini Murcielago et une Aston Martin Vanquish S coûtent autour des 173 000€, une Pagani Zonda, une Porsche Carrera GT et une Mercedes SLR plus de 440 000€. Que faire donc quand on a un budget compris entre ces deux prix, semblent demander tous les spectateurs de Top Gear selon Richard ?
A 346 000€, l'Ascari KZ1, œuvre d'un petit artisan britannique, se glisse exactement dans cette niche. Elle a visiblement tout d'une supercar : elle est rapide, elle est basse, le décompte de ses portes s'arrête à deux et les prises d'air derrière celles-ci laissent présager que le moteur est au bon endroit, c'est à dire en position centrale arrière.
Mais ce n'est pas aussi simple d'être une supercar : ce club d'élites est très fermé et son adhésion repose sur un héritage, sur une histoire tirée des sports mécaniques. Difficile quand la marque vient juste de naître, la seule exception ces dernières années étant Pagani. Mais Ascari n'est pas n'importe quel nom, c'est celui d'un pilote italien de F1 qui remporta le titre de champion du monde deux fois de suite, détient toujours le record d'avoir gagné tous les grands prix d'une saison et survécut même à une immersion forcée dans la baie de Monaco lors du Grand Prix de 1955.
Avec un nom pareil, les performances de la KZ1 ne doivent donc pas décevoir, et avec un 0 à 160 parcouru en un peu plus de 8s dans les mains de Richard, un 0 à 100 en moins de 4s et une vitesse maximum supérieure à 320km/h, elles sont clairement à la hauteur. Deux raisons à cela : la première est que son cœur est le V8 5.0l des BMW M5 E39 modifié pour obtenir 500ch, la seconde est que pas grand chose ne freine la férocité de ce moteur, et sûrement pas la carrosserie ou le châssis, tout deux en fibres de carbone, la voiture complète pesant pas moins de 500kg de moins qu'une Mercedes SLR.
Trop souvent les intérieurs de petites séries telles que celle-ci sont une déception après les lignes extérieures souvent majestueuses qu'elles arborent, on y retrouve couramment des assemblages de mauvaise qualité ainsi que des commandes de Ford Escort. Mais pas dans cette Ascari : rien ne vient de la poubelle de marques populaires, tout est fait pour un seul et unique modèle, la KZ1.
Reste maintenant la question de la tenue de route pour déterminer si enfin, l'Ascari mérite le nom de supercar ou non. Dénuée du moindre garde-fou électronique, Richard fait la démonstration avec brio de la tenue de route exceptionnelle de la KZ1. A l'entendre très facile à conduire par son abondance de grip, il prend un malin plaisir à tenter de trouver ses limites, ne comprenant pas pourquoi il est encore sur la piste vues les vitesses atteintes en courbe. Selon lui, il devrait plutôt être dans les arbres qui bordent la piste, là où ses tympans sont déjà allés se réfugier sous le déluge de décibels sourds et métalliques que laisse écouler le puissant V8. La direction aussi est très communicative, faisant remonter toutes les informations nécessaires.
Le nom, les performances, les finitions et la tenue de route, tout permet de croire que cette Ascari KZ1 est bel et bien une vraie supercar... Pas selon Richard. Selon lui, elle est trop raisonnable, on ressent que c'est une voiture d'ingénieurs, sans folie, sans passion. Il lui manque ce petit grain de folie que seul un enfant de 10 ans aurait pu lui apporter...
Bien sûr, un test ne serait pas complet sans un tour chronométré du circuit bien connu de Top Gear, avec au volant le mystérieux The Stig. Entre ses mains, l'Ascari KZ1 se comporte de façon remarquable et avec un temps de 1:20.7 elle s'offre le luxe de s'octroyer la 5ième place, devançant par la même occasion la Mercedes SLR, la Ford GT et la Ferrari 430.
On retrouve maintenant l'Aston Martin V8 Vantage sur la très belle île de Man. Très bruyante, elle se fait entendre à plus de 3 km à pleine charge, selon un test très sérieux réalisé par Jeremy lui-même. Le son très particulier de son V8 fait penser à celui d'un small block en plus aigu, rugueux et lourd à la fois. Pas besoin de prévenir votre femme que vous rentrez, elle le sait déjà. Et ce n'est pas beaucoup de bruit pour rien, sa tenue de route et la direction se marient de façon magique. Même si on y retrouve des éléments Volvo ici ou là et qu'il est agaçant de lire "Power, Beauty, Soul" (puissance, beauté, âme) sur l'ordinateur de bord à chaque fois qu'on tourne la clé de contact, l'intérieur est magnifique, même s'il n'atteint pas le niveau de magnificence de l'extérieur. Après une telle logorrhée de qualités, vous vous attendez sûrement à voir Jeremy Clarkson disparaître à son volant dans le soleil couchant, avec en fond sonore "God Save The Queen" et des bruits d'échappement.
Que nenni. Jeremy ne peut cacher une légère déception. Malgré le V8 4.3l qui a commencé sa vie sous le logo félin de Jaguar avec une cylindrée de 4.2l, malgré les 380ch qu'il fournit généreusement, malgré aussi les performances de tout premier ordre avec un 0 à 100 en moins de 5s et une vitesse maximum de 299km/h, cette Aston manque de sensations. Elle est très rapide, mais elle ne le laisse pas sentir. Quand on enfonce la pédale de droite dans l'épaisse moquette, le son du moteur est enivrant, mais on ne sent pas la gravité passer de verticale à horizontale.
L'autre problème de la V8 Vantage est qu'elle n'est pas seule dans sa catégorie et que la concurrence est rude. Pour le même prix, vous pouvez avoir une BMW M6. Grâce à son V10 5.0l de 507ch hérité de la M5, appuyer sur l'accélérateur revient à marcher sur une mine tant la poussée est forte. Elle est non seulement puissante mais aussi relativement légère grâce à ses suspensions en grande partie en aluminium et son toit en carbone, faisant s'évanouir 45 kg à lui seul. Elle est de plus très intelligente : l'ordinateur de bord observe la position de la pédale d'accélérateur 200 fois par seconde et est capable de faire 200 millions de calculs à la seconde. Sa boîte de vitesse compte pas moins de 7 rapports, un de plus ferait croire à un VTT. De 0 à sa vitesse maximum limitée à 250km/h, non seulement elle bat l'anglaise, mais elle l'écrase totalement. Elle est toutefois moins belle que l'Aston, moins fine, moins raffinée. Elle est certes très intelligente, mais aussi en même temps d'une complexité décourageante : si, comme Richard, vous souhaitez vérifier le temps de 4.7s donné pour son 0 à 100, il vous faut régler le différentiel à glissement limité sur la position Sport, enlever l'antipatinage, changer la vitesse de passage des rapports de la boîte de vitesse pour la position la plus féroce, augmenter via l'iDrive la puissance du moteur de 400ch, qui est celle par défaut, à 507ch... et maintenant, enfin, vous pouvez étirer votre pied droit.
Le troisième choix n'est pas n'importe lequel. Pendant plus de 40 ans, la Porsche 911 a été la référence par rapport à laquelle toute la concurrence est jugée. Puissance, tenue de route, équilibre de l'ensemble, fiabilité et sensations qu'elle délivre en font un joyau automobile. Malgré le fait que Jeremy pense que les designers de Porsche sont les plus fainéants du monde, James, lui, pense que la génération 997 est la plus belle des 911 depuis bien longtemps. Et à 95 000€, elle est moins chère de 22 000€ que ses deux concurrentes.
Il s'agit maintenant de déterminer laquelle est vraiment la meilleure. Dans l'espoir d'en débattre et d'arriver à une décision unanime, Jeremy, Richard et James en discutent une canne à pêche à la main, sous une pluie battante. Après seulement deux poissons attrapés, sans parler de quelques bronchites, et alors que le soleil se couche, ils ne sont, bien sûr, pas encore arrivés à se décider.
Le chronomètre sera donc chargé de les séparer. Pour cela, rien de mieux que de faire venir par le premier avion The Stig, de faire fermer une route par des policiers en Honda Accord Type R et de mesurer chaque voiture sur une même distance, en se servant des dispositifs utilisés durant la fameuse course de moto de l'île de Man. Le temps est absolument exécrable, l'intensité de la pluie n'étant battue que par celle du vent. La première à s'élancer courageusement est la bavaroise, tandis que nos trois compères attendent sur la ligne d'arrivée, trempés jusqu'aux os à cause de leurs parapluies retournés par le vent. La BMW obtient un temps de 1min35s avec une vitesse moyenne de 127km/h. Pendant que Jeremy se plaint de l'humidité de son pantalon, c'est au tour de la Porsche d'être chronométrée. Avec un excellent temps de 1min30s malgré une différence de puissance de près de 150ch par rapport à sa compatriote, elle prend la première place provisoire du classement, avec une vitesse moyenne de 135km/h. Vient maintenant le tour de la V8 Vantage. Et bien qu'ayant été développée en grande partie au Nurburgring, cela ne sera pas suffisant, la britannique égalant le temps et donc la vitesse moyenne de la M6.
Après s'être séchés, Jeremy, Richard et James se retrouvent autour d'un plat de fruits de mer et faisant fi de la préférence de Jeremy pour la BMW, Richard et James sont d'accord pour déclarer la Porsche 911 gagnante de la comparaison. La troisième place revient donc à l'Aston Martin, qui reste une déception pour les trois journalistes.
Entre deux épisodes de Waking the Dead, Trevor Eve est cette semaine la star invitée sur le plateau de Top Gear. Si ni son nom ni celui de sa série ne vous disent quoique ce soit, ne vous inquiétez pas, moi non plus. Comme tous les invités, il s'est volontiers plier à effectuer un tour chronométré du circuit de l'émission au volant d'un Suzuki Liana. Malgré une assez forte sortie de route, il s'est très bien débrouillé, prenant la 4ième place du classement. Il aurait pu faire beaucoup mieux, mais la Liana en a décidé autrement, perdant de façon très spectaculaire sa roue avant gauche, le disque de frein laissant échapper une gerbe d'étincelles. La roue en question roule toujours d'ailleurs, et devrait atteindre l'Ecosse dans les prochaines heures.
L'enquête lancée l'année dernière par Top Gear est tout simplement la plus importante jamais faite dans le monde automobile. Pas moins de 76 000 personnes y ont participé pour donner leur avis sur leur propre voiture. Commençant par la fin, Jeremy révèle donc les derniers. A la 157ième place vient la... Renault Espace. A l'avant dernière place... la Peugeot 307. Et le bonnet d'âne revient à... la Peugeot 807. En fait, dans les 13 dernières places, on retrouve 10 voitures françaises ! Bien sûr, les blagues fusent, Jeremy y voyant une explication logique à nos récents incendies de véhicules, James renchérissant en révélant qu'en fait les voitures françaises se sont immolées elles-mêmes par le feu. Vraiment très drôle.
Reprenons plutôt le classement en révélant les trois meilleurs de la classe. Médaille de bronze, la Lexus RX. L'argent revient à la Lexus IS et enfin, sur la plus haute marche du podium se dresse fièrement la Honda S2000, une des voitures préférées de Jeremy. Le classement complet est disponible sur Internet et vous permettra ainsi de déterminer si la voiture que vous prévoyez d'acheter est fiable ou... française.
Retrouvez l'émission Top Gear le dimanche à 20h00 sur BBC2.
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