Ororo Munroe plus connue sous le sobriquet de Tornade (pas Pierre) a le pouvoir de jouer avec les éléments météorologiques. Elle, c'est dans de la BD et au Cinéma qu'elle s'exprime. Vous, une fois le postérieur vissé au fond de votre Caterham CSR 260, c'est dans la réalité que vous allez connaître la sensation terrifiante de celui qui détient le pouvoir de déclencher l'orage quand bon lui semble.
Le processus est simple, après avoir basculé le coupe circuit situé face à vous, une pression de votre index sur le bouton qui va bien, puis un petit geste précis de votre poignet pour enclencher la première et enfin entrez en communion avec vos orteils droit pour déclencher la tornade qui va aller s'abattre sur le bitume via les 2 galettes arrières.
Il y a fort à parier que la souplesse de votre cheville droite, rarement sollicitée lorsque vous vous déplacez en berline mazoutée classique, ne suffise pas à sauvegarder votre réputation de pseudo pilote patiemment élaborée sur les pistes de karting indoor de votre région. En effet, la CSR 260 évolue dans un monde que le pequin moyen que je représente à merveille est incapable de mesurer à priori.
A la première accélération en grand, vous basculez dans un univers ou l'entrejambe prend une importance au moins aussi capitale que dans certains films pour adultes. Pas nécessairement pour la montrer à la caméra mais pour avoir le courage de rester le pied dedans lorsque la courbe fut venue. La CSR 260 chamboule vos repères au point que là où vous étiez en ligne droite dans une Caterham 1600K de 110 cv 1 heure plus tôt, vous vous trouvez un peu penaud lorsqu'au passage de la troisième vous vous retrouvez à l'équerre, les bras croisés en butée de contre-braquage, l'aiguille du compte tours collée à droite, les yeux exorbités et les aisselles ruisselantes.
Vraiment, il faut apprendre à conduire comme un pied. C'est important le pied dans ce genre d'auto. Trouver une sensibilité du pied droit, accorder cette sensibilité avec une fluidité du geste au volant, regarder loin, garder la fesse aux aguets pour parer à toute dérobade et se remémorer les cours de pilotage abordant la gestion des transferts de masse devraient déjà être un bon début pour profiter d'une Caterham CSR 260. Et puis rester humble surtout.
Bref, une fois que tout se met en place, on se rend compte que la CSR 260 est « facile ». Elle ne vous piège pas, elle vous fait comprendre que vous vous piégez tout seul. Son mode d'emploi ne comporte pas 3 encyclopédies même si pour péter un temps de vrai pilote, il doit falloir accéder à un autre niveau de compréhension de l'engin. En fait, l'équilibre général de la CSR est tel qu'elle est « abordable ». Si vous effectuez votre talon pointe correctement (facile sur ce genre d'auto), l'auto freine droit. Si vous réussissez la dégressivité de votre freinage et que vous engagez la voiture dans la courbe en fin de ralentissement, c'est l'arrière qui va aider à pivoter et mettre l'auto en ligne pour une accélération qui pourra exprimer toute sa sismicité dans une sortie en dérive légère mais maitrisée.
Avant d'arriver à dessiner pareille perfection, vous freinerez certainement trop tôt ou pas assez fort pour « engager » l'auto qui partira en sousvirage. Remettez du gaz et vous passerez à un survirage moins maîtrisé et gourmant pour le chronomètre tandis que vous vous épuiserez en contre-braquages et corrections incessantes. Mais c'est un passage obligé pour parvenir à se faire plaisir.
Comme l'auto offre en plus un espace de vie nettement plus conséquent que sa petite sœur 1600K dont on se demande comment on peut conduire sans avoir le coude dehors, vous atteignez rapidement une sorte de plénitude jubilatoire et jouissive rarement offerte par une auto. La ceinture de caisse haute et le couvre tonneau en alu qui recouvre la place passager vous donnent un sentiment de sécurité nécessaire au plaisir total sans vous couper de l'environnement comme peut le faire une auto fermée. On est à mi chemin entre la monoplace et la berline.
Pour ajouter au mix, la montée dans les tours explosive s'accompagne d'une sonorité motocycliste grisante et il faudra vraiment un drapeau à damier virulent pour que vous cessiez enfin d'enchaîner les tours.
En résumé, total panard !
Alors, pourquoi avoir titré "orage, ô désespoir" ? Tout simplement parce que la "petite" CSR 200 de route qui était promise à une exportation en France à sa naissance n'est toujours pas parvenue à obtenir son homologation ...
Et pendant ce temps les anglais écument les routes de leur pays au volant des CSR 200 et 260 sans vergogne. C'est trop injuste (Calimero style)....
La première partie est lisible (c'est un bien grand mot) ici
Vous pouvez lire l'article plus complet sur le magazine Caradisiac de la semaine.
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