Lorsque vous passez à la pompe, même si c'est toujours douloureux, vous avez sans doute remarqué que le prix du litre a baissé de près de quinze centimes ces dernières semaines. Ça ne change pas grand chose au pouvoir d'achat des particuliers mais pour les très gros rouleurs et les entreprises, ça représente une économie conséquente. Et pour les pays où le prix des carburants est moins taxé, la baisse est autrement plus spectaculaire car liée directement à celle du prix du baril de pétrole. Nous sommes passés d'un baril à plus de 100$ au mois de juin dernier à un baril tombé hier sous les 60$, une réduction de 40% qui est perceptible dans le même rapport (ou presque) chez les automobilistes américains par exemple.
Nous sommes passés d'un baril à plus de 100$ au mois de juin dernier à un baril tombé hier sous les 60$, soit une baisse non négligeable de 40%
Les variations du prix du pétrole sont liées depuis longtemps aux mouvements géopolitiques et aux luttes des nations pour l'indépendance énergétique. C'est un rapport de force planétaire qui a basculé depuis quelques mois avec l'intensification de l'extraction du pétrole de schiste aux États-Unis. Le pays est devenu ainsi quasiment indépendant sur le plan énergétique, ce qui a obligé les pays producteurs de pétrole regroupés au sein de l'OPEP d'agir pour conserver une certaine influence sur ce marché. Leur calcul est assez simple. Selon eux, l'extraction de ce pétrole de schiste est plus onéreuse que celle par forage classique qui est la leur. L'organisation a donc décidé de faire baisser les prix du pétrole (en jouant sur sa production et en faisant monter les stocks, ce qui fait automatiquement varier les cours) en dessous d'un seuil auquel l'extraction du pétrole de schiste n'est plus rentable. Ce seuil se situerait autour des 50 à 60$ selon les analystes qui prédisent donc une baisse continue du prix du baril jusqu'au dessous des 50$ d'ici quelques mois. L'objectif est d'acculer les producteurs de ce type de pétrole à la faillite afin de reprendre le contrôle qui était le leur depuis des décennies. Certains analystes estiment toutefois ce seuil de rentabilité autour de 45$, ce qui pourrait faire évoluer l'intensité des actions entreprises sans pour autant modifier l'évolution actuelle.
Les analystes de la Bank of America estiment que les prix vont continuer à chuter jusqu'à l'été 2015, ce qui va faire baisser les prix des carburants mais aussi du gaz naturel liquéfié (GNL) qui va devenir très attractif, notamment en Europe. Les Américains veulent croire (et poussent en ce sens) que l'OPEP est devenue moribonde car, en refusant de stabiliser les cours, elle met en danger ses membres les moins importants (Venezuela, Nigeria). Leur rapport indique que les stocks actuels de pétrole seront écoulés d'ici 6 mois et qu'au terme de ce bras de fer, les prix remonteront fortement.
En d'autres termes, les prix « bas » à la pompe devraient être de rigueur jusqu'aux prochaines grandes vacances.
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