Pour être dans l'air du temps, c'est à dire pour satisfaire aux exigences requises pour venir en aide à notre environnement désespérément pollué, il est nécessaire d'étudier avec grand soin les spécifications de son futur véhicule. Il faut avant tout qu'il soit léger. Plus il est léger, moins il a besoin de carburant, pour se déplacer. C'est logique. Une carrosserie dans un matériau soigneusement choisi en conséquence est donc la bienvenue, tout comme une empreinte pneumatique la plus restreinte possible pour diminuer au maximum les frottements. Question moteur, l'heure est au downsizing et la dernière mode, initiée par Fiat et sa 500 TwinAir, est au moteur microscopique qui ne dépareillerait pas dans le cadre d'une moto. Opter pour une motorisation essence semble aussi indispensable, quitte à sacrifier un peu de CO2 supplémentaire contre du NOx ou des particules.
Mais ce n'est pas parce que l'on a une conscience écologique poussée qu'il est obligatoire de faire une croix sur le plaisir de conduire. Pour cela, une propulsion semble toute désignée, tout comme une décapotable permettant de rouler cheveux au vent, multipliant au passage les sensations dès les premiers tours de roues. Une boîte de vitesse privilégiant les reprises à la vitesse de pointe serait aussi un bon choix, avec des débattements courts et une précision mécanique satisfaisante.
Enfin, last but not least, dans un contexte économique encore fragile, un prix d'achat raisonnable est aussi nécssaire pour la rendre accessible au plus grand nombre.
Peut-on trouver une telle perle rare au Salon de Genève 2011 ? Cela paraît difficile, l'évènement automobile helvétique faisant plutôt la part belle aux supercars, de la Lamborghini Aventador à la Ferrari FF, et aux berlines luxueuses, de la De Tomaso Deauville à la Mercedes C63 AMG restylée, en passant par les coupés sur-vitaminés, de la Jaguar XKR-S à la Porsche Cayman R. Sans même parler des concept-cars, aussi peu réalistes qu'ennuyeux.
En fait, pour trouver son bonheur, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus pour s'intéresser aux créations de marques moins connues. Comme Morgan, l'un des derniers artisans britanniques encore indépendants. Ce petit constructeur a en effet ressuscité une de ses vieilles recettes qu'il a commercialisé de 1909 à 1953 dans une version bien sûr remise au goût du jour : la Threewheeler, littéralement la « voiture à trois roues ». Morgan le dit lui-même : « Le futur du transport routier au 21ième siècle doit faire face à deux gros problèmes : la préservation de nos précieuses ressources et la protection de notre bel environnement naturel. Le downsizing et une philosophie orientée vers la simplicité sont deux méthodes pour faire face à ces problèmes. La Morgan Threewheeler est une réponse qui a déjà fait ses preuves ».
Ce modèle 2011 coche en effet toutes les bonnes cases énumérées ci-dessus : une carrosserie en aluminium et un châssis tubulaire lui offrent un poids de l'ordre de 500 kg, et les trois roues, aussi larges que celles d'un vélo à l'avant, garantissent des frottements minimums. Côté mécanique, la Threewheeler adopte un V2 1,8l Harley-Davidson Screaming Eagle à injection développant 115ch, le tout étant envoyé, via une boîte de vitesse mécanique à cinq rapports empruntée à une Mazda MX5, à la seule et unique roue arrière. 0 à 100 km/h ? Expédié en 4,5s, avec une vitesse maxi s'établissant aux alentours de 200 km/h. La consommation ? Il y a plus de 50 ans, les 30 000 Threewheeler vendues alors avouaient siroter moins de 5l/100km. La tenue de route ? Une Threewheeler a gagné le Grand Prix de France, quelle voiture commercialisée aujourd'hui présente une telle référence ? Aucune. D'accord, c'était en 1913, me direz-vous. Mais ne chipotons pas sur des détails s'il vous plaît. Le prix ? A partir de £30,000, soit 35 000€. Ne cherchez pas, le rapport prix/sensations/performances semble imbattable. De plus, le statut d'artisan de Morgan lui permet d'être ouvert à toutes envies de personnalisation. Comme par exemple une robe de Spitfire.
Oui, il est vrai, soyons honnêtes, la Morgan Threewheeler présente quelques défauts. L'absence totale de toit pourra effrayer quelques frileux terrorisés par quelques gouttes de pluie. Le pare-brise se résumant à des lamelles de microscope et les petits arceaux sont autant d'invitations à porter casque et lunettes. Le moteur nu en porte-à-faux avant ne semble pas être la meilleure configuration dans un crash-test frontal et piéton EuroNCAP, tout comme pour l'exercice du choc latéral, les protections de vos points vitaux se résumant ici à votre ensemble humérus/coude/radius/cubitus. Mais au delà de tous ces légers détails, que j'ai déjà oublié d'ailleurs, le plus gros défaut sera une homologation britannique dans la catégorie moto et un feu vert européen qui devrait arriver aux environs de jamais. Soupir.
Photos : Autoblog.com
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