Je vous avais évoqué en janvier 2007 les essais de chercheurs en France sur des millions de microalgues pouvant être considérées comme un produit énergétique (voir news). Le Japon, quant à lui, s'intéresse aux algues. L'inconvénient du pays : une petite superficie, notamment pour les terres arables. Même si le Japon mise sur les bioénergies, l'opinion publique est réticente à l'idée de troquer la culture de denrées alimentaires contre celle destiné à la production énergétique. Différentes organisations se sont penchées sur la question. La solution : se tourner vers les 4,5 millions de kilomètres carrés d'eaux territoriales, un vrai réservoir de ressources énergétiques végétales. Les algues ont un taux de fixation de carbone supérieur à celles des plantes terrestres (17,5 t/ha/an contre 5 à 10 t/ha/an pour la canne à sucre) et leur prix de production est plus faible que celui des cultures agraires. Deux initiatives envisagent donc d'utiliser les algues pour produire de l'énergie.
La première : l'entreprise Tokyo Gas a développé un système permettant de récupérer les algues s'accumulant dans les ports pour produire du méthane. Aujourd'hui les algues sont enlevées puis incinérées, ce qui nécessite 30 m3 de gaz de ville par tonne d'algues. Le nouveau procédé permet d'inverser la tendance et de générer 15 à 20 m3 de méthane par tonne d'algues fermentées. Le méthane est ensuite mélangé à du gaz de ville pour produire approximativement 6 kWh d'électricité. Les pertes de chaleur sont de plus recyclées pour chauffer les bassins de fermentation. Un dispositif permettant de transformer 20 à 50 tonnes d'algues par jour coûte plus de mille milliards de yens (6,25 milliards d'euros) mais la compagnie compte vendre aux municipalités des équipements ayant une capacité journalière de 30 à 300 tonnes.
La seconde : la Tokyo Fisheries Promotion Foundation a présenté un projet de production de bioéthanol à partir d'algues brunes. Des algues cultivées sur des filets flottants seront récoltées puis transportées dans des usines off-shore de production de bioéthanol. En utilisant 1 à 2% de la superficie maritime japonaise, il serait possible de récupérer 150 millions de tonnes d'algues équivalant à 4 millions de tonnes de bioéthanol par an. La production de bioéthanol à partir d'algues ne nécessitant pas de développement technique spécifique, la fondation souhaite mettre en place un projet pilote financé par le gouvernement en 2008 puis étendre cette activité aux entrepreneurs privés et aux collectivités locales à partir de 2013. Il faut bien sûr analyser les éventuels impacts sur l'écosystème et établir à l'avance les zones de cultures qui ne nuiront ni à la pêche ni au transport maritime.
Source : Nikkei, Mainichi Shimbun, rapport de la Tokyo Fisheries Promotion Foundation sur l'utilisation de la biomasse marine, Daphné OGAWA de l'Ambassade de France au Japon
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