Précisons d’abord que l’histoire entre Pierre Dieudonné et Mazda a débuté en 1981 lorsqu’il courut le championnat de Belgique de voitures de production et les 24 Heures de Spa au volant d’une RX7. En plus de décrocher le titre en fin de saison, Dieudonné remporta également les prestigieuses 24 Heures de Spa avec un certain Tom Walkinshaw pour équipier. Cette victoire constitua d’ailleurs la toute première victoire internationale du moteur rotatif, une grande fierté pour Mazda. « Cette victoire eut de nombreuses répercussions positives au Japon », explique Pierre Dieudonné. Dès la fin de l’année 1982 en effet, la structure qui allait être à l’origine de Mazdaspeed quelques mois plus tard souhaitait s’impliquer aux 24 Heures du Mans.


Mazdaspeed allait progressivement faire ses classes au Mans et, à partir de 1987, s’impliquer de plus en plus. Entre 1989 et 1991, alors que les voitures du Groupe C bénéficiaient d’une dérogation pour courir au Mans (et remplir la grille) avant l’introduction des protos à moteur atmosphérique 3,5 litres, Mazda visait clairement la victoire tout en ne faisant pas partie des favoris, lesquels avaient pour nom Mercedes ou Jaguar.


Pierre Dieudonné se souvient : « Personne n’avait vraiment remarqué que Mazda montait en puissance. En 1990 déjà, les voitures étaient très performantes mais manquaient de fiabilité ce qui avait occasionné un résultat vierge. Pour 1991 en revanche, les voitures avaient été peaufinées et fiabilisées. Les 787B étaient d’ailleurs les premières voitures à s’engager aux 24 Heures équipées de freins carbone ce qui fut un facteur de performance important. Cette décision appartenait à Mazdaspeed et tout le monde, chez Mazda, n’y était d’ailleurs pas favorable. En outre, Mazda voulait absolument terminer la course : telle était la mission assignée à la 787 que je pilotais (et qui a terminé huitième de la course – ndlr). »


On le sait, cette victoire eut un énorme retentissement au Japon. « Ce fut une satisfaction générale chez Mazda. D’autant que bien peu de personnes pariaient sur Mazda comme premier vainqueur japonais des 24 Heures. Les Japonais songeaient plutôt à Nissan et Toyota dont les moyens étaient sans commune mesure avec ceux de Mazda. Aujourd’hui encore, le souvenir de cette victoire est fort et, d’après ce que me disent mes amis de chez Mazda, donne courage aux Japonais qui traversent la période difficile que l’on sait. »


Pierre Dieudonné aura donc parcouru une longue partie de sa carrière avec Mazdaspeed. Il n’est pas près l’oublier car il y reste très attaché : « Je n’ai jamais connu, chez un constructeur équivalent, un tel respect pour les membres d’une équipe, pilotes compris. Du coup, les pilotes s’impliquaient eux aussi énormément. Les objectifs fixés ne l’étaient jamais au détriment des personnes ou des relations humaines ; c’est quelque chose que je sens aujourd’hui encore chez Mazda ».