Six heures du matin. Je prends la route avec ma maman à mes côtés. Direction l’autre bout de la France. Au début, je m’en suis fait une fête. Mais, à l’arrivée…
Je dois me rendre à l’autre bout de la France, et devant le nombre impressionnant de kilomètres à parcourir, ma mère se propose spontanément de m’accompagner, histoire de faire un brin de causette, et de partager le volant. Dans les premières secondes qui suivent sa proposition, je trouve l’idée plutôt bonne : nous allons pouvoir discuter tranquillement, et nous retrouver un peu toutes les deux. Le rendez-vous est fixé pour le lendemain matin, 6h.
Vu l’heure matinale, je prends le volant et attaque les premiers kilomètres.
Au début, tout se passe bien : ma mère finit sa nuit, et ne s’intéresse pas trop à la route.
"Mais attention, freine"
Mais sur le coup de 9h, après un petit café et un croissant, changement de décor : ma mère est pour le coup définitivement réveillée, et commence à s’occuper de très près, de trop près, à ce qui se passe autour de nous. Comme nous roulons encore sur la nationale, nous devons traverser un certain nombre de petits villages, avec beaucoup de circulation, à cette heure de pointe.
Dès que je m’approche d’une voiture à moins de 100m, j’entends à côté de moi des : "Hisss, mais attention, freine !". Dès que je vais un peu trop vite (à ses yeux), elle hurle, me précisant au passage qu’elle ne veut pas se retrouver à l’hôpital à cause de moi et d’un stupide accident de voiture (à vrai dire, moi non plus….).
Quel stress
Je suis atterrée, rien qu’à imaginer le nombre d’heures pendant lesquelles je vais devoir supporter ce stress. Dès qu’une voiture apparaît à l’horizon, même lointain, ma mère ne peut s’empêcher de me dire : "Mais attention !". Du coup, certaines fois, elle me fait peur, car je me demande ce qui se passe : cette même voiture, cela fait au moins une demi-heure que je l’ai repérée et calculée…
Je ne sais pas quoi faire, mais il faut que je trouve une solution rapidement, sinon je ne vais pas pouvoir supporter cette promiscuité. J’essaie de lui expliquer qu’à force de rouler, je suis très vigilante à tout ce qui peut se passer sur la route, j’anticipe, je regarde au plus loin. Malheureusement, mes arguments ne doivent pas être assez convaincants, et rien n’y fait.
A un moment donné, je suis obligée de piler, car une voiture me débouche sous le nez, sans prévenir. Je vois ma mère enfoncer le plancher avec son pied droit. Je lui précise qu’il n’y a pas de double système de freinage dans ma voiture, et que si elle continue comme ça, elle va finir par me faire un trou dans la carrosserie .J’aurais dû prendre une voiture-école avec double commandes, mais là, la lutte aurait été trop sévère pour la répartition du freinage… Je suis dépitée, j’aurais dû partir toute seule.
"Avec mon chien, je n’avais pas de réclamation"
Je repense à ce moment précis à la période où j’avais mon chien. Je l’emmenais absolument partout, et avec lui, pendant treize longues années, je n’ai jamais eu aucune réclamation.
Il était calé au fond du coffre, et à part quelques grognements lorsque quelqu’un osait s’approcher trop près de sa voiture, jamais il n’a manifesté aucun désaccord au sujet de ma conduite. Bien au contraire, il me faisait ses yeux de chien battu lorsque j’étais obligée de le laisser tout seul à la maison…
Finalement, je me décide à passer le volant à ma mère, mais là, c’est l’horreur : c’est moi qui suis terrorisée, car n’ayant pas trop l’habitude de me faire conduire, j’ai une peur bleue en me retrouvant à droite, démunie du volant et des freins.
Finalement, la voiture école, ça doit être ça la solution à la cohabitation…
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